samedi 23 octobre 2010

Wallace sur le mont Royal

Des planètes vues de près: l'écorce des arbres


À l’échelle de l’île de Montréal le mont Royal est un petit espace vert. À l’échelle d’un érable argenté (Acer saccharinum) couvert de lichen cet animal est minuscule mais pour un acarien c’est un un géant de velours rouge: 4-5 mm. Le trombidion soyeux (Trombidium holosericeum) appartient à un genre d’une trentaine d’espèces. Ce n’est pas un insecte c’est un arachnide: ses quatre paires de pattes le place avec les araignées et les scorpions.

Sa coloration rouge est un avertissement: c’est l’aposématisme. Cette idée géniale est le fruit de la riche imagination écologique d’un homme de terrain, Alfred Russel Wallace, l’alter-ego de Charles Darwin. L’aposématisme est une (ou plusieurs) adaptation d’une espèce afin de signaler aux prédateurs qu’elle n’est pas un met de choix ou encore qu’elle est toxique.

Trombidium holosericeum. Photo Jörg Hempel, Wikipedia

L’avertissement peut être visuel, sonore, olfactif ou chimique. De nombreuses chenilles ou papillons ont une coloration remarquable, pensez au papillon monarque. Le message aux oiseaux est: “ne me mange pas je suis toxique”. Des serpents comme le serpent corail du genre Microrus ont aussi ces couleurs parlantes. Notre mouffette rayée (Mephitis mephitis) avec ses bandes blanches dans la fourrure de son dos est parfaitement reconnaissable et le message est universellement connu.



Dendrobates azureus. Photo Cliff, Wikipedia

Même des amphibiens, les dendrobates en Amérique du Sud, ont ces colorations aposématiques: leur peau sécrètent une toxine. Comme pour le papillon monarque qui est toxique en se nourrissant d’une plante toxique (l’asclépiade) les dendrobates sont toxiques parce qu’elles se nourrissent d’insectes toxiques.
 
Les larves et nymphes de notre acarien sont des parasites qui injectent leur salive contenant des enzymes dans leur hôtes (des insectes et des arachnides) décomposant les tissus. Puis la larve suce la “soupe”. Un gros petit acarien parasitant une grosse araignée!

Et la couleur rouge averti que ce prédateur/parasite ne souhaite nullement devenir la proie de quiconque. Main de fer dans un gant de velours.

4 commentaires:

  1. Très intéressant et instructif! J'aime aussi le montage de la première image :)

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  2. Il faut choisir : être succulent et discret ou toxique et flamboyant.

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  3. @ Dominic: Merci, j'aime beaucoup ce montage et je suis content d'avoir enfin trouvé l'occasion de le montrer!

    @ Géo: parlez-vous de l'auteur ou des bibittes? ;)

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  4. Ma question en forme de remarque s'adressait à tous les arthropodes, amibes, bibittes, reptiles, mammifères et primates concernés par le dilemme : être ou paraître.

    À qui se sent visé de choisir son camp.

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