samedi 27 juillet 2013

Verdissement et biodiversité


C'est le temps des mi-vacances de blog, mes billets sont plus rares...


Le vélo c'est vert. Très vert. Mais ce poteau est placé trop près de la plantation.

Dans l'arrondissement où j'habite on procède à toutes sortes d'aménagements visant à sécuriser ou favoriser un tant soit peu la circulation des vélos et des piétons. Ces rétrécissements de la rue par l'élargissement des trottoirs (comment appelle-t-on ces trucs? Des pince-bitume? Des oreilles de trottoir?) sont efficaces afin de ralentir un peu la bagnolitude et de donner un champ de vision idéal aux conducteurs. De plus le piéton aura moins long à marcher sur la chaussée. On grignote un peu de l'espace extravagant que nécessite toutes nos automobiles et on le distribue à d'autres fonctions, d'autre usagers.


Design irréfléchi: de l'autre côté, on a prévu le coup? Ou c'est par hasard?

Ces oreilles de trottoir se multiplient un peu partout, souvent près des écoles, comme c'est le cas ici au coin de la rue Drolet et Roy. À deux pas de chez moi. Les bienfaits de ces micro-aménagements sont assez nombreux il me semble: on en profite aussi pour faire des micro-espaces verts. C'est bon! Côté design par contre, il y a encore un peu d'effort à faire... C'est vite fait et pas cher mais côté attention au détail, faudra repasser! Constatez sur ces photos qui montrent que le seul choix de l'emplacement d'un poteau (truc à accrocher un vélo inévitablement...) devient une cause de dommage à la végétation.


Que dire contre la verte vertu?

Un des bons points soulignés c'est évidemment le "verdissement" de ces micro-aménagements. C'est certainement un des mots les plus détestables tant il s'agit d'un véritable fourre-tout! N'importe quel verdissement est bon, n'est-ce pas? Qu'ai-je à dire? On ne peut être contre la verte vertu… Toutefois puisqu'on utilise aussi le mot "biodiversité" pour mousser l'affaire, ça mérite examen!


L'abeille ne se trompe pas: il y a du nectar dans l'échinacée.

À vue de nez il n'y a pas la moindre espèce indigène ici. Bon je n'ai pas identifié le bout d'herbe (la Graminée), mais pour le reste c'est la biodiversité de quelque part ailleurs qu'il s'agit. Parler de la biodiversité, quand il ne s'agit que de l'emprunt de la biodiversité des autres régions, et, encore plus, quand il s'agit de cultivars monstrueux, c'est du green-washing. C'est ne pas porter grande attention ou, en tout cas, c'est faire au plus vite!

On confond "verdissement", place à la biodiversité et décoration. "Ça prend des belles fleurs!" Alors on met des "belles fleurs" et tout le monde est content.



On plante n'importe quoi mais en rang bien droit.

D'où viennent les végétaux utilisés ici? Du Ma-Ga-Zin Fa-Ci-Le (très grande surface...). Les Hosta sont asiatiques, de même que les hémérocalles hybrides (donc qui ne viennent de nulle part) qui n'attirent pas les abeilles (qui ne s'y se trompent pas). On a mis des arbustes: le fusain d'Asie (Euonymus alatus, sauf erreur). On a mis un petit arbre: que penser de ce cultivar pas très intéressant de l'espèce européenne de Alnus glutinosa 'laciniata'. On en a des Alnus (aulne) par ici, non?

Et l'échinacée pourpre? Mais comment résister? Des grosses "fleurs" qui disent "fleurs". En plus c'est une plante réputée médicinale (ça, c'est toujours gagnant) et nectarifère (pensez zo zabeilles)! Sauf que la plante n'est pas indigène! On la trouve aux États-Unis et par accident c'est une exotique en Ontario… 

Voilà! Ce sont les pires clichés qui conduisent au choix des végétaux. Autant de mot-clés de la stérilité. Ou alors c'est l'inventaire du Ma-Ga-Zin à écouler. On veut plaire aux yeux alors qu'on pourrait faire utile à la biodiversité.

Une occasion ratée de fondre la fosse d'arbre et le nouvel aménagement.


La biodiversité urbaine, surtout l'utilisation d'espèces indigènes, n'est pas une préoccupation secondaire. Ça ne fait tout simplement pas parti du programme! On a un Jardin Botanique et un Insectarium qui se pètent les bretelles d'expertises, fédérés dans cet Espace pour la Vie qui ne pousse pas ses connaissances bien loin… y compris vers les autres services municipaux...

Avant de s'envoyer des fleurs, consultons la Flore Laurentienne... On pourrait peut-être trouver quelque chose...





samedi 20 juillet 2013

Erreur 25 Wattson! C'est une cicadelle!




La semaine dernière dans les Laurentides. J'échantillonnais des rameaux nouveaux de Bouleau jaune ("merisier", Betula alleghaniensis) et sur chacun il y avait cette "bave de grenouille", des bulles produites par des larves de cercopes*. Elles siphonnent d'un bout la sève de la tige et de l'autre elles se… pètent une maison.



Du premier coup d'oeil, vu qu'à chaque rameau (nouveau de bouleau) il y avait de la bave et cet insecte ci-haut, je croyais que c'était un cercope. Erreur 25 Wattson! C'est une cicadelle!

Je n'avais pas encore vu au grand écran de l'ordi… en grand c'était évident
qu'il s'agissait d'autre chose, surtout à cause des grandes cuisses épineuses. Au moins j'avais visé juste en pensant à la l'ordre des Hémiptères (cicadelles, membracides, cigales, etc.)
 


Et le nom de l'espèce? Au choix: il s'agit de la Cicadelle du rhododendron (Graphocephala fennahi) ou de Graphocephala coccinea. Vu que c'est pas un rhododendron c'est peut-être plutôt cette dernière espèce?


*voyez ce site informatif sur les Cercopes: Entomofaune
et ces pages sur les Cicadelles: Entomofaune.


S'il ne pleut pas cet après-midi je donne une visite guidée au Champ des Possibles. Voyez sur le Facebook de l'événement.

Bon weekend!


mardi 16 juillet 2013

Encore la Pélopée courbée!




Ce matin, au travail dans le bureau:  zaingne-zin-zinzin-zin-zin-zin*... Voilà... c'était à prévoir... la porte qui donne sur le balcon avant est aussi ouverte... 

Je me suis levé à quelques reprises pour voir où elle nichait cette autre Pélopée courbée (Sceliphron curvatum), sans la trouver immédiatement. Je croyais que c'était derrière cette bibliothèque mais c'était difficile à constater. Puis j'ai vu la guêpe maçonne sans-gêne entrer et se diriger vers ces dossiers...



... plus précisément  au-dessus de ces chemises...



 ...alors je sors tout le lot et dans ces photocopies incomplètement repliées qui laissaient un volume suffisant...




...j'ai trouvé ça: trois urnes. Je les avaient écrasé en fouillant maladroitement avant de retirer les chemises...



De plus hier mon ami TSR m'a fait parvenir ces photos ci-haut prises à partir de son portable. Il habite au Stade Olympique. Cette guêpe a un territoire plus grand qu'on ne le soupçonne, elle est probablement présente depuis plus longtemps qu'on pourrait croire!



Bon je vous laisse, les vacances, c'est fait pour travailler!


*Voyez le billet précédent sur cette nouvelle guêpe: 






vendredi 12 juillet 2013

Visite guidée au Champ des Possibles




Je crois que l'affiche vous donne toute l'info? Venez nous rencontrer!


Je mets les liens:

Le Facebook de l'événement: Visite guidée 20 juillet

Le site web des Amis du Champ des Possibles

Bon weekend!


La Pélopée courbée (Sceliphron curvatum) est arrivée!




La nouveauté à Montréal: Sceliphron curvatum. Photo: Wikipedia



L'été chez moi toutes les portes sont grandes ouvertes. Et à tous les étés sur mon balcon arrière, autour de mon attrape-plante surtout, je reçois la visite de nombreux hyménoptères dont certaines remarquables grandes guêpes. Elles peuvent sembler menaçantes mais elles sont totalement inoffensives. Il s'agit de Sceliphron caementarium (Pélopée maçonne, Black and Yellow Mud Dauber) et de Chalybion californicum (Potière bleue, Blue Mud Wasp). Toutes deux sont de la famille des Sphecidae,  des guêpes maçonnes solitaires. Toutes deux font la chasse aux insectes afin d'approvisionner des nids de boue séchée où elles pondront leurs oeufs. La larve de la guêpe se nourrira ensuite de ces insectes paralysés mais encore vivants! De bien charmantes pouponnières! 



Sceliphron caementarium et Chalybion californicum. Photos: Roger Latour




La semaine dernière plusieurs grandes guêpes semblaient intéressées par un trou au plafond de mon balcon. De plus, quelques-unes entraient et sortaient de ma cuisine à répétition… Ce n'est pas nouveau mais les années précédentes elles étaient bien moins aventureuses. "Bon", les voyant du coin de l'oeil, je me disais que c'étaient "la bleue" ou la "noire et jaune", elles me sont familières et ne m'inquiètent pas du tout. Mais plus tard alors que je cuisinais je me suis rendu compte qu'elles se dirigeaient toujours au même endroit sous l'armoire au dessus de mon fourneau. Je m'approche pour voir un peu et j'entends un drôle de bruit qu'il est difficile de rendre: zaingne-zin-zinzin-zin-zin-zin, et encore zaingne-zin-zinzin-zin-zin-zin ou quelque chose comme ça*...




Les deux visiteuses inoffensives habituelles. Photo: Roger Latour



Les guêpes venaient dans la cuisine et repartaient dehors vers le balcon… Je sors voir un peu et au plafond du balcon j'entendais le même zaingne-zin-zinzin… Je ne savais pas que ces guêpes, pourtant familières, faisaient du bruit? Faut faire enquête! Je me rends alors compte qu'une des guêpes s'insinuait dans le haut du seuil de la porte et descendait plus bas derrière le coupe-froid. Je m'approche mais comme c'était dans l'ombre et à contre-jour je ne voyais pas très bien. Mais j'entends encore: zaingne-zin-zinzin, elle y construisait un nid de boue! J'ai eu un moment de doute: l'insecte avait bien la taille et l'allure des guêpes maçonnes mais, ayant pris quelques photos au flash, je constate qu'elle avait la coloration jaune et noire familière d'une guêpe allemande (Vespula germanica, German wasp) ou de ses cousines que l'on ne souhaite pas près ou dans la maison!



Avec le flash: la Pélopée courbée sortant du chantier. Photo: Roger Latour



Ces guêpes sociales font toujours des nids de papier… je ne comprenais pas. Ici j'avais affaire à une grande guêpe et une construction de boue grise et humide, faite de sable et autre matériaux minéraux… du ciment? Il y a des rénovations chez le voisin de l'autre côté de la ruelle. Je me rends à l'évidence, je ne connais pas cette guêpe. Jamais vu! Elle est assez grande pour être remarquée pourtant! Et elle fait ses nids dans ma maison à deux endroits!

Quelle est donc cette grande guêpe?



Entre le thorax et l'abdomen: le pétiole. Photo: Roger Latour



Identifier une guêpe? Je suis vrrrraiment pas connaisseur en la matière. Surtout que je n'ai pas de spécimen d'une guêpe adulte auquel me référer. Avec ces quelques mauvaises photos de l'insecte je dispose néanmoins d'indices me permettant espérer identifier cette guêpe sans-gêne, littéralement domestique. J'ai surtout les constructions singulières que sont les nids ou "urnes" et quelques observations sur le comportement. Mes indices: c'est une guêpe maçonne d'environ 20 mm, abdomen jaune et noir relié au thorax par un long pétiole noir poilu. Par la taille et le comportement elle me rappelle mes visiteuses habituelles. Elle est peut-être de la même famille (Sphecidae)? 

Je vous épargne la suite de mes recherches qui est vrrrraiment assez longue. Ce sont ses nids d'abord puis ses comportements qui m'ont permis de l'identifier. Il s'agit de Sceliphron curvatum**, décrite à l'origine sous le nom de Pelopaeus curvatum, F. Smith, 1870. Ce qui explique le nom français de Pélopée...

Notre Pélopée courbée provient de l'Inde, Pakistan, Afghanistan et de toute cette région. En dehors de son aire naturelle on la trouve en 1979 en Autriche, puis en Slovénie en 1991, en Italie en 1995, Suisse en 1998, Allemagne en 2002, France 2005… L'espèce est bien installée en Europe! Et elle continue l'aventure: en 2008 on la trouve en Argentine. Ça c'est un saut assez considérable! Il n'est peut-être pas très étonnant qu'on la trouve maintenant en Amérique du Nord.
 

Cette guêpe est connue pour son extraordinaire indifférence et son total manque de respect pour l'intimité des humains. Elle installe ses nids dans la bibliothèque, derrière les tableaux, dans une collection de minéraux, dans l'automobile, où ça lui chante! Zaingne-zin-zinzin-zin-zin-zin… Une autre façon de dire cela c'est qu'elle est parfaitement adaptée à l'environnement humain… Encore plus que nos espèces urbaines indigènes... 

Cette guêpe n'aura pas de difficulté à se maintenir par ici. Elle est adaptable et déjà cosmopolite. Ses proies sont des espèces communes et elles-mêmes cosmopolites comme Salticus scenicus et Sitticus fasciger. De plus elle semble avoir un régime alimentaire adaptable: on l'a vu chasser des criquets en France. Pour l'instant, d'après les deux urnes que j'ai examiné, ce sont des araignées.

Puisque ce sont les urnes qui ont permis d'identifier la guêpe, parlons-en un peu!


Une des urnes est tombée. Photo: Roger Latour


Chez moi la guêpe a fait ses nids dans un endroit un peu malcommode et risqué: si je ferme la porte je risque d'écraser ses nids de faux-béton. C'est ce qui est arrivé... Un nid est tombé et deux autres sont abîmés... C'est assez étonnant de constater sur le sol la quantité d'araignées contenues dans une seule urne! Une bonne chasseuse cette Pélopée, assurément, les proies sont presqu'exclusivement des araignées sauteuses qui ont, après tout huit yeux, tout le tour de la tête!
 
Les mêmes urnes que ci-haut. Photo: Roger Latour


Le volume entier de l'urne est occupé par toutes ces proies bien entassées! Quand la larve aura consommé toutes ces araignées (vivantes et paralysées faut-il rappeler...) la nymphe occupera à son tour tout le volume de l'urne! Quel terrible ajustement! Quelle diabolique équation:

Volume de l'urne = volume de proies paralysées = volume de la guêpe adulte! 

Rien ne se perd, rien ne se crée... Puis une autre Pélopée courbée volera dans ma cuisine. Ou dans votre salle de bain! C'est comme mettre un embryon de chat (disons...) dans un frigo plein de souris pour voir sortir un lion quelques semaines plus tard!

Le contenu de l'urne tombée. Photo: Roger Latour



Un nid est tombé je vous disais. Que contenait cette boîte à surprise? Voyez sur l'illustration ci-haut:

1- L'urne de 25 mm.

2- Quatorze Salticus scenicus (mâles et femelles)

3- Sur l'abdomen de ce Saltique on voit une larve de Sceliphron curvatum

4- Sept Sitticus fasciger (sauf erreur...), mâles et femelles, (sauf erreur...)

5- Une Neoscona arabesca (?) 



Le contenu de l'urne inachevée. Photo: Roger Latour



Cette deuxième urne ci-haut n'était pas complétée, n'ayant pas encore de bouchon pour la fermer, elle n'avait que ces cinq araignées. Mais la larve (signalée par *) est bien grasse déjà... Fixée sur ce biberon à huit yeux... Dans les deux urnes examinées certaines araignées bougent un peu, certaines semblent mortes...

Je me suis permis ce long billet parce qu'il semble bien que l'espèce n'a pas encore été trouvée en Amérique du Nord. Cette observation est peut-être la toute première! Le milieu urbain est toujours plein de surprises!

Je le répète: cette nouvelle venue est inoffensive (sauf si vous êtes une araignée sauteuse!)! Vous n'êtes pas pour autant obligé de la laisser nicher dans la cuisine...



Mise à jour 21 Juillet 2013: La Pélopée courbée a été trouvée une autre fois à Montréal, près du Stade Olympique. Voyez ce lien: 

Encore la Pélopée courbée!





*J'ai trouvé mieux: voyez et écoutez tout ça dans ce clip:


 


**Notez tout de suite qu'il pourrait peut-être s'agir de l'espèce Sceliphron deforme qui est toutefois considérée par la majorité des auteurs comme synonyme de Sceliphron curvatum. En Europe la première semble avoir une plus petite amplitude écologique et se confine plus au Sud. 








mercredi 10 juillet 2013

Sceliphron curvatum, la Pélopée courbée




Qu'est-ce que c'est? De petites araignées? Elles font quoi là? Elles viennent d'où?



Elles viennent de là.  Vendredi ne manquez un billet intéressant (comme d'habitude mais peut-être un peu plus quand même...) sur la présence d'une nouvelle espèce de guêpe à Montréal. Elle chasse les araignées. Et plein de trucs intéressants!

Vendredi même heure, même poste... Sceliphron curvatum, la Pélopée courbée.


Vous tremblerez!








samedi 6 juillet 2013

Brèves et vertes...



Le delta du Nil.

Voyez ce film sur le vert, vert, vert de notre monde: NASA et  NOAA par VIIRS. Gros acronymes. Cliquez ici. Merci à  M. Phytophactor



L'origine de l'agriculture m'intéresse. Le site de Chogha Golan en Iran est le plus ancien site de culture et de domestication à long terme de l'orge, des lentilles, des pois puis du blé. D'autre sites dans la région sont connus et on déduit que des échanges de semences avaient lieu. La notion de brevet n'était pas encore connue. Article fermé malheureusement...


 Photo: TISARP/University of Tubingen

Une photo de cette région où on a inventé l'agriculture et, par le fait même, les mauvaises herbes...


 Photo: handforddesign

Le travail avec des arbres abattus de Philippe Handford que me fait découvrir mademoiselletitam: ici.


Flora Urbana va relentir un peu (beaucoup j'espère...). Trop de projets en cours et bien des dossiers à terminer.

Bon weekend! 

 

vendredi 5 juillet 2013

Cypripède acaule à trois reprises





Le Cypripède acaule (Cypripedium acaule) rencontré près de la Réserve écologique du Pin rigide en Montérégie au Québec. Ce n'est qu'un court essai visuel. Mais avec un musique originale de Tristan-Stéphane Renaud. La musique est basée sur le chant du Bruant à gorge blanche (Zonotrichia albicollis) que l'on entend à la fin.



mercredi 3 juillet 2013

Ombres portées de l'orme



Trois colosses dans le "parterre" du parc Jarry

Trois arbres, de beaux grands arbres, dans un parc qui n'est pas le plus remarquable. Le parc Jarry est un grand ensemble de terrains de sports les plus divers, stade et terrains de tennis (la grosse affaire ici), pétanque, cricket et aire d'observation de la croissance de la pelouse, etc. Ne manque que le water-polo et l'équitation ou le Fuchsprellen! Un parc intensément fréquenté à coup sûr! Il y a beaucoup de place, beaucoup d'air, de lumière et du gazon... avec des aires de loisir libre (!). Jouer c'est bien, mais s'amuser c'est mieux! Et, moi, ce qui me branche c'est l'archéologie superficielle, peu profonde: d'où viennent ces arbres? 

Le parc s'est installé sur une prairie où on trouvait des terres cultivées et le ruisseau Saint-Aubin autrefois. Avant qu'on en fasse un parc, qui fût remodelé plusieurs fois, on y trouvait toutefois des arbres dont une forêt d'Ormes d'Amérique. (lisez un peu sur l'histoire du parc ici)

Cette forêt a des vestiges. Sur la photo ci-haut, de gauche à droite:

1- Ulmus americana, Orme d'Amérique, American elm
2- Quercus macrocarpa, Chêne à gros fruits, Bur oak
3- Quercus macrocarpa, Chêne à gros fruits, Bur oak

(Les mêmes numéros sont utilisés sur les photos suivantes)


Vues aériennes du parc.

À gauche, en noir et blanc: le parc Jarry en 1947-49 (photomontage de deux photos aériennes provenant des Archives VdM) et à droite une photo datant d'avant 2011 (avant qu'un écran de peupliers fastigiés soit planté), gracieuseté de Google Earth. Sur la photo d'archive, la plupart des ombres portées sont celles des ormes aujourd'hui disparus. Leurs silhouettes classiques ne mentent pas. Et in Arcadia ego...

Vous voyez les trois points jaunes? Tout juste? Rassurez-vous! Un agrandissement suit en bas. Ce sont les trois arbres montrés en ouverture.



Détail du montage précédent.

Accordez-moi un peu d'indulgence: je viens d'ouvrir ce dossier du parc Jarry et le repérage n'est qu'approximatif... Mon imprécision n'empêchant peut-être pas une certaine impression du sublime? C'est que, de toute cette population d'ormes, ces ombres photographiées, elles-mêmes caduques et disparues, visibles seulement par la copie et recopie d'un vieux document jusqu'ici sur mon blog, sont tout ce qu'il reste de ces arbres. Nos trois arbres sont quelques-uns des rares survivants. Notez qu'un autre orme se trouve dans la partie sud du parc, près de l'étang. Mais je crois bien qu'il ne reste que ces deux ormes. Et des chênes.


La forêt d'ormes disparus. Photo de Conrad Poirier, 1939 (BANQ)

Cette belle photo de Conrad Poirier nous donne une bonne idée de la singularité d'une forêt dominée par des Ormes d'Amérique. Il faut quand même souligner que cette forêt est sans doute le produit de la colonisation spontanée d'une friche par l'orme. Oui, cet arbre est une mauvaise herbe à ses heures! Je doute qu'une pareille configuration puisse se trouver dans la nature, sans un milieu transformé par les humains: la friche ou le fond de terre inutilisé.

Dire que c'était un parc spontané! Un aménagement sans-tête. Avec la voute de la canopée portée ainsi bien haute par des fûts sans branches, offrant une ample dilatation invitante. C'était le temps lui-même qui devenait une dimension habitable avec cette qualité de lumière et d'espace impossible à goûter aujourd'hui. On serait bien à marcher dans un pareil endroit! Le vin y serait doux cher ami!  

Impossible aujourd'hui? Ça mérite certainement réflexion!


Les lieux en 1943.

On ne dessine pas les parcs pour des gens comme nous... Dans nos parcs et espaces publics, en-dehors des installations sportives, il semble qu'on ne dessine que sur deux modes: pour le plein soleil, avec des pentes aménagées où les gens s'installent, couverts d'une huile quelconque, afin de rôtir un peu. Ou alors on fait dans l'ombre totale, excuse toute faite pour planter des Érables de Norvège… On fait dans le noir ou le blanc… et le gris? On veut du gris!



Le parc en 1976

Et le gris de l'ombre de l'Orme d'Amérique c'est aussi beau en couleur... On veut des ormes...


L'Université de Guelph a ce projet justement: Elm Recovery Project


lundi 1 juillet 2013

Saison de l'Amélanche



Il y en a partout à bien regarder. Les fruits de l'amélanchier. Sur le mont Royal, dans les parcs, sur le bord des trottoirs et les terrains privés. Dans les ruelles aussi.

Bon, j'en ai soustrait un peu à la grande provision qu'ils constituent pour les oiseaux. Les étourneaux font un drôle de ravage: ils ne les prennent pas entièrement pour les gober tout rond. Ils y piquent plutôt le bec et prennent une petite bouchée. De vrais amateurs! Un désolant massacre sans-façon!

Il en va autrement du merle américain dont un couple semblait un peu dérangé de voir des humains fouiller leurs arbres et amasser les fruits. Ces oiseaux consomment le fruit en vrai spécialistes: tout rond! Gloup! Mais ils attendent apparemment que le fruit se ride et se plisse, signe d'un gain maximum de sucre.

La différence s'explique probablement par le fait que le premier oiseau est une espèce introduite alors que le deuxième est une espèce indigène qui a évolué avec l'arbuste. La dissémination des graines est ainsi probablement mieux assurée...
 


Alors j'en ai amassé un assez grande quantité et j'en ai fait une confiture. 

 

Ma recette: rincer, faire cuire, écraser quelques fruits moins mûrs qui n'avaient pas éclaté. Ajoutez un peu de sucre...



... mettez dans des pots.

L'affaire est cuite! Fruiteux et avec les petites noix qui ont un goût d'amande. Désolé merles, c'est la saison de l'amélanche pour moi aussi!